Extrait

Lorsque j’étais enfant, mon purodad Emilio, mon grand-papa, m’assoyait sur ses genoux pour me raconter le jour où Meltem, l’un des fils du vent, rejoignit la Kumpania.
C’était un des nombreux fils du vent du Nord. Vous savez, ce vent glacial qui soulève les chapeaux des Conquistadors, celui qui souffle la tempête et glace les os?
Meltem, comme toujours, aimait jouer avec les navires marchands. Comme son père le lui avait demandé, chaque fois qu’un vaisseau s’aventurait trop loin en mer, Meltem le faisait tanguer, et tanguer et tanguer! déversant tout son chargement et parfois même son équipage jusqu’au fond de l’océan.
Un jour, en coulant une flotte entière de trois-mâts, gonflé de fierté et de joie, Meltem rejoignit vite son père pour lui faire part de ses exploits! Mais le vent du Nord, trop occupé à faire tourner les moulins, gronda :
-Je n’ai rien à faire de tes chalutiers! Ne vois-tu pas que j’attise les feux des cuisiniers? Que j’aide les hommes à moudre leurs grains et transporte les dents-de-lion jusqu’au prochain vallon?
-Mais père… Regardez ce que j’ai accompli comme vous me l’avez demandé…
Mais le vent du Nord n’écoutait déjà plus son fils.

-Va donc jouer avec tes cousins Meltem! lui ordonna-t-il, et laisse-moi terminer ma précieuse besogne.

C’est alors que Meltem changea de cap et partit, le cœur remplit de nuages gris, à la recherche de ses cousins.

(…)

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